Je ne peux pas voter à la présidentielle, mais avec toutes les affaires, ce n'est pas plus mal


© Le Huffington Post
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Aurenc Bebja, France - 27 Mars 2017

 

Ayant vécu comme spectateur la fin du mandat de Jacques Chirac (2005 – 2007), l'élection de Nicolas Sarkozy (2007) ainsi que celle de François Hollande (2012), je me prépare à vivre également en tant que tel la prochaine élection présidentielle française.

 

Mon parcours dans l'Hexagone, mon cursus universitaire ainsi que mes activités professionnelles dans le secteur public et privé ont fait de moi un "Produit Made in France", un produit du système, boudé par le système lui–même. Ce n'est pas la fin du monde (Relativisons !), mais cela me semble absurde que, depuis tant de temps et d'expériences vécues en terre gauloise, je sois toujours un spectateur et non pas un acteur de la vie politique du pays.

 

D'accord, je sais que certaines personnes, sceptiques au sujet du droit de vote des étrangers, vont évoquer la mise en danger de la République Française (de l'identité nationale). Et, il y a pire encore. Selon, une idée - je ne sais point d'où elle vient - le vote des étrangers permettrait l'élection d'un candidat de gauche. Sérieusement, vous pensez que tous les étrangers résidant en France voteraient à gauche?! Et puis, sérieusement, cela veut dire quoi aujourd'hui "Droite et Gauche"?

 

Bref, j'aurai aimé pouvoir voter aux élections présidentielles, parce que je me sens concerné en raison mes liens, de mes attaches personnelles et professionnelles avec la France et les français. D'un autre côté, j'avoue que je me sens légèrement "soulagé" de ne pas pouvoir voter cette fois-ci, compte tenu de ces compagnes électorales assez floues, où l'anormal devient normal, où on banalise des faits graves concernant les candidats. Cela me renvoie à cette expression française que certains appliquent à la lettre: "Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais".

 

J'ai l'impression que, face aux candidats à l'élection présidentielle, les Français se trouvent perdus comme dans un immense rond-point, et tournent (et tournent, et tournent...) sans cesse pour trouver la bonne direction. Et à chaque fois, qu'ils pensent l'avoir trouvée, il s'avère que ce n'est pas ou plus la bonne, et du fait, ils sont obligés de faire demi-tour et de recommencer.

 

Les échanges des Français dans les lieux publics m'interpellent souvent, surtout ce genre de phrase: – Je ne sais pas pour qui je vais voter? J'ai envie de dire à ces citoyens: – Ne vous inquiétez pas, c'est une réaction tout à fait normale, ne paniquez surtout pas, ce n'est pas de votre faute! Ceci dit, les candidats aussi crient haut et fort que ce n'est pas de leur faute non plus. Hmmm... mais qui sont les coupables alors?

 

C'est vous, mesdames/messieurs les juges et les journalistes ! Oui, oui, vous avez bien compris ! C'est vous qui avez mis dans l'embarras certains candidats (je crois que ce n'est plus la peine que je les cite). C'est de votre faute de bien vouloir maintenir la démocratie au pays des Droits de l'Homme, le respect des lois et des règles ainsi que la transparence politico – professionnelle.

 

Laissons faire! Allons, après tout, qu'est-ce que c'est 20.000 € par ci et 30.000 € par là. Ce n'est pas comme si les citoyens français (et de France) galèreraient au quotidien, comme si le taux de chômage serait élevé et/ou comme si on aurait perdu toute crédibilité à l'internationale.

 

D'après nos élus d'envergure nationale, tout va bien en France. Là, je parle de ce genre d'élus qui sont proches du peuple (vous voyez ce que je veux dire), en lien même très (très, très...) étroit avec les citoyens (celles et ceux qui commencent leurs phrases par : – Mes chers compatriotes...), qui connaissent parfaitement votre quotidien (les fins de mois difficiles, le prix d'un croissant, et je vous en passe...)

 

Trêve d'ironie, la situation est vraiment inquiétante. Depuis que je suis en France (2005), c'est la première fois que je me sens aussi inquiet pour l'avenir de ce pays. Alors, je m'adresse aux citoyens français afin qu'il n'y ait pas de regrets post élection: – Moi, je n'ai pas le droit de vote, mais vous l'avez. Donc, s'il vous plait, allez voter! C'est une chance, un droit, mais aussi un devoir de citoyen d'aller voter.

 

Votre abstentionnisme, même s'il peut être justifié, ne fait que renforcer le pouvoir de ces femmes et ces hommes politiques, les rend encore plus puissants qu'ils le sont déjà. Votre participation au suffrage universel ne fait que renforcer la démocratie française.

 

Il est plus qu'important que la France ait un(e) président(e) représentant la majorité des citoyens français. Lors des dernières élections présidentielles, le candidat gagnant a été loin de représenter la majorité du nombre des électeurs inscrits aux listes électorales.

 

 

Source : Le Huffington Post France

http://www.huffingtonpost.fr/aurenc-bebja/vote-etrangers-presidentielle_a_22010366/?utm_hp_ref=fr-homepage